• Souricette et Chaperon vert (partie 4) par Spock27

    Souricette et Chaperon vert (partie 4) par Spock27

     

    La forêt devenait de plus en plus luxuriante, elle eut droit à la beauté d'arbres aussi hauts que larges, des fleurs aussi belles qu’élégantes, des insectes aussi, bien plus présents, des plantes des plus variées, un monde floral qu’elle n’avait jamais vraiment soupçonné, fille de campagne pourtant.

    C’est à ce moment là qu’elle vit son premier maraud qui semblait surgir de nulle part. Or quand on voit un maraud, il ne faut pas attendre longtemps pour voir son frère, son cousin, son petit-neveu, etc. et même ad nauseam. Durant les premières minutes, elle dû faire face à un groupe d’êtres de moyenne taille qui ressemblaient vaguement à des trolls ; le nez était assez gros, plutôt courts sur pattes mais se mouvant avec élégance, la forêt était visiblement leur domaine.

    Le chef, sans doute, fit enfin son apparition et lui demanda dans le langage de la forêt le plus précieux ce qu’elle faisait là ; pourquoi braver tant de dangers si ce n’est pour obtenir quelque chose, quel but poursuivait-elle ?

    Je veux atteindre la rivière, dit-elle sobrement.

    Certes, belle étrangère (beau, belle, tout le monde semblait du même avis en ce monde et Chaperon se dit qu’après tout, elle devait vraiment avoir du charme et malgré l’étrangeté de sa situation, après tout, elle était capturée, elle se sentait sereine), mais la rivière est aux confins du royaume et l’Ogre y veillait.

    Hé bien, je voudrais voir l’Ogre et la rivière s’il m’y autorise.

    Les marauds se concertèrent. Celui qui s’était avancé pour venir aux nouvelles, lui demanda de pouvoir se retirer.

    Grand Dieu, c’est que malgré sa petitesse, il avait fière figure, ce troll. Il voulait parler au doyen de la communauté, lui n’étant là que comme ambassadeur et il la salua d’un vaste mouvement de chapeau, à la fois risible et pourtant très chevaleresque. Pour le moment, Chaperon s’amusait beaucoup.

    Quelques salamalekoums plus tard, il était convenu qu’elle resterait la nuit au campement sous la garde de messire l’ambassadeur ; plus tard, ils se rendraient auprès de l’Ogre car lui seul aurait le dernier mot.

    Sitôt dit, sitôt fait. Elle fut enfermée dans une cabane surélevée, alors que les autres marauds se partageaient des masures plus petites bien que bien plantées en terre. Elle passait la nuit dans l’ombre de l’ambassadeur qui visiblement n’avait pas envie de dormir.

    C’est que messire la dévorait des yeux et on aurait pu même dire, qu’il l’aurait bien dévoré par d’autres moyens. Ne pouvant échapper à son regard, Chaperon lui posa quelques questions. Messire lui répondit du mieux qu’il pouvait. L’Ogre était un taciturne. Certes il mangeait à peu près tout ce qu’il lui tombait sous la main, parfois même des marauds, car il avait la vue basse, la rivière ne représentait rien pour lui, seul le bruit de l’eau qui coulait parvenait à l’endormir. Le maraud semblait vraiment en peine. En effet, on a beau être grand, puissant, terrifiant, l’Ogre était malheureux car sans compagne.

    Et toi, l’ambassadeur, tu n’es pas toi aussi malheureux.

    La Chaperon ne savait pas trop pourquoi elle avait posé cette question mais il semblait bien que l’ambassadeur voulait autre chose qu’accumuler des biens dont, après tout, il ne savait que faire.

    Oui, je suis malheureux, je l’avoue.

    Alors faisons un pacte, Maraud. Je te confie un secret et tu verras peut-être ta situation s’améliorer.

    Ainsi fut fait et la nuit passa.

    Accélérons, accélérons. Seule une partie de la troupe les accompagnait. Le territoire traversé par la rivière était au fond de la vallée, ils s’y rendirent à grands pas. Là était également l’Ogre. Pesant, imposant mais pas du tout agressif, comme si le cours des choses étant ce qu’il était, cette rencontre était prévue de longue date. Il paraissait presque enjoué ; Chaperon se dit que, comme toujours, on avait exagéré la chose, lui faire peur, introduire la crainte pour mieux régner mais quand l’ogre se leva, la peur, la vraie peur, la terreur pure s’empara d’elle. Cela ne fut pas très long mais cela lui remit un peu de plomb dans la cervelle. Les lois qui régissaient le royaume avaient beau être d’une autre nature que dans son petit monde, le puissant, celui qui avait la force avec lui imposait immanquablement son point de vue.

    Va, ambassadeur, régale-toi, nous avons à causer.

    Un petit plat rempli de friandises, de petites choses bien sympathiques se trouvait sur un plateau sous l’ombre bienveillante d’un arbre. L’ambassadeur obéit car, en effet, même si l’invitation était courtoise, avait-il vraiment le choix ?

    Tandis qu’il s’empiffrait, à portée d’oreilles qu’il avait fines, l’Ogre questionna l’insolente à propos de la rivière.

     

    Alain, 28/29 septembre 2011


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