• Souricette et Chaperon vert (partie 3) par Spock27

    Souricette et Chaperon vert (partie 3) par Spock27

     

    Et c’est ce qu’elle fit. Elle travailla, certes avec moins d’expériences mais vu sa taille, avec plus de force et plus d’aisance. Elle tailla les champignons malodorants (c’était pour se réfugier des marauds) ; et pour se cacher de l’Ogre ? Il n’y avait aucun moyen. C’est pour cela que nous trafiquons avec les marauds, sinon, nous serions toutes décimées, expliqua son amie.

     

    Ensuite, travail, travail, travail. Il fallait poser des pièges, rassembler les plantes que l’on peut manger, les plantes qui épicent les bonnes soupes, si si, nos amies les rongeurs ne dédaignaient pas une bonne soupe fumante ; vous savez, les clichés !

     

    Il fallait débroussailler le chemin qui s’encombraient à chaque fois de ces vilaines plantes dites sauvages et qui portent bien leur nom car elles n’en font qu’à leur tête ; au lieu de rester bien sagement sous les arbres ou à décorer un beau buisson, niet, il fallait qu’elles s’étendent et s’étendent. 

     

    Puis mine de rien, le temps passait et une semaine s’était déjà écoulée, sur ce rythme si serein, travail sur le terrain, bises aux copines puis retrait dans le royaume soi-disant privé de sa meilleure amie. Mais là, suant, peinant, transpirant, elle apprit de précieuses choses sur ce domaine.

     

    D’abord celui-ci était réellement magique, même, le petit peuple en convenait. Jamais rien de ce qu’elles avaient lu (hé ben oui, encore un cliché, certains animaux de la forêt savent lire et tiennent toutes et tous le même langage dit « de la forêt », les contes disaient vrai !), qu’il y ait un Ogre en forêt, ce n’était pas normal, qu’il y ait ces satanés marauds, de même. Des petits animaux pour égayer le décor et bien utiles quand on a une petite faim, on ne rechignait pas dessus mais on aurait dit que ce domaine n’avait pas encore livré tout ses secrets.

     

    On spéculait qu’il s’étendait très certainement sur une bien plus vaste étendue. Elles avaient d’abord lu qu’une large rivière séparait leur royaume; ce cours d’eau, on l’avait aperçu, de loin, et au péril de leur vie, car il fallait alors s’aventurer sur les terres des marauds et de l’Ogre et peu en revenaient.

     

    Ceux qui en réchappaient soutinrent que les marauds livraient une partie de leur butin contre quelques secrets ; c’est que les petits souris, à force de s’affairer partout et nulle part, trouvaient ça et là, des parchemins, parfois illisibles, parfois encore intelligibles. Tous parlaient d’une forêt magique, de deux temples remplis à ras-bord de pièces d’or, de bijoux et autres objets d’apparat ! Ca rendait fou les marauds, un peu moins l’Ogre qui avait juste faim et se languissaient d’une belle Ogresse ; le Géant était amoureux d’une inconnue ; or ces foutus papiers parlaient de richesses dont il n’avait que faire, même les marauds s’ils mettaient la main sur ces butins n’auraient pas été plus riches, mais l’appât du gain, ça ne s’explique pas.

     

    Ainsi allait la vie des petites souris. Chaperon prenait ses aisances, en fille de la campagne, elle commençait à se repérer et dans un sens, malheureusement, elle prit goût à cette vie communautaire. Ses compagnes avaient toutes leur personnalité, certaines espiègles, d’autres têtues, bien vilain défaut que cela, d’autres indifférentes, d’autres encore acharnées du travail. Dans l’ensemble, elles avaient bien accueillie l’inconnue. Parfois, Chaperon se sentait convaincue qu’elle avait un destin à accomplir ici-bas ; non pas chez elle, parmi les siens, les gens de la terre, mais ici, en ces profondes terres, dans un endroit si feuillu, réglés par des lois dont on trouvait traces sur des parchemins qui inspiraient confiance, tant ils paraissaient si vieux qu’on aurait pu difficilement leur attribuer un âge. Et puis le soir, elle et Souricette sillonnaient leur royaume, où toute fatigue semblait s’amenuiser, où l’aube et la nuit étaient encore plus belles. Elle s’épanouissait, puis se familiarisait pour elle finit in fine et en finale par s’embêter.

     

    Et quand on s’embête, on finit par faire des bêtises mais quand on a quinze ans, on se languit si vite !

     

    Un matin, elle fit sa toilette plus tôt que d’habitude, enfila une tunique fraîche ; elle se détacha progressivement de son monde rationnel. Vivre au jour le jour, voir, écouter, agir et surtout agir, tel était son nouveau motto !

     

    Elle prit le chemin qu’elle connaissait bien, celui qui menait à la rivière, cette source d’eau si mouvante auquelle tout le monde attribuait mille vertus, elle désirait la voir de ses propres yeux. Elle était grande maintenant, bien des nuits, bien des jours avaient passé, même si elle soupçonnait que la notion du temps en ces lieux était bien étrange.

     

    Elle cheminait un moment en terrain connu, saluant les souris-sentinelles, se félicitant de pouvoir les situer, signe qu’elle avait pu épanouir ses ressources d’observation et d’adaptation. Bientôt elle s’engagea bien au-delà de leurs terres. Les dernières sentinelles affichaient des mines de plus en plus atterrées, la folle, l’inconnue s’expose aux dangers, et quels dangers ! Mais oui, la question méritait bien qu’on se la pose, quels dangers. Emmitouflée dans son petit cocon de souris, Chaperon avait oublié cette notion primaire, fille de la première des vertus pourtant, la prudence. Oh folle jeunesse !, bravant maints dangers à la rencontre de son propre destin, de l’avenir de tout un peuple qui l’avait si bien accueilli, elle ne le savait.

     

    Après quelques kilomètres, elle commença à progresser plus lentement, le chemin était de plus en plus sauvage, la rocaille se mêlait aux plantes sauvages, certaines particulièrement rudes, sortaient leurs griffes pour bien lui signifier son intrusion mais elle n’en avait cure.

     

    Soudain, elle entendit un trottinement caractéristique d’une de se compagnes, une petite souris traçait fermement son chemin ; Chaperon se cacha dans les fourrés mais la petite gredine qui l’a suivait au trot eut tôt fait de la dénicher ; c’était Souricette bien sûr et elle avait le nez fin.

     

    Il n’y eu point de palabre, on aurait dit que le film de cette aventure tournait fou.

     

    Chaperon voulait savoir ce que les marauds et même l’Ogre désiraient, de plus la rivière semblait être autant une source d’ennuis qu’une éventuelle solution à bien des problèmes ; elle le sentait confusément. Après tout, même elle, son amie, lui avait dit qu’elle était attendue et ce depuis des temps avancés. D’ailleurs, n’y avait-il pas traces de cela dans les divers parchemins qu’on avait retrouvés ?

     

    Souricette ne cacha pas son courroux. Elle avait deviné que Chaperon avait à faire, ce qu’elle avait à faire, mais autant affronter l’ennemi avec quelques ressources et elle confiât quelques secrets dans le creux de son oreille et puis la laissa, le cœur en peine.

     

    La Chaperon poursuivit son chemin puis dû très vite s’en remettre au hasard car de vallons en vallées, de monts en terrains plats, les chemins étaient innombrables ; son sens de l’orientation ne lui était d’aucune utilité. Elle n’entendait toujours pas le moindre son caractéristique d’une rivière, il fallait aller et malgré la fatigue, il fallait puiser dans ses réserves.

     

    Alain, 28/29 septembre 2011


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